Ecouter, communiquer, passer à l’action
Qui en février aurait pu prévoir le chaos dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui ?
On se promène, flanqués de masques où on a le droit, si on a le droit, quand on a le droit et aussi, si on en a envie. On travaille depuis chez soi. On brave nos peurs pour retrouver les collègues ou notre équipe une fois de temps en temps, quand on le peut.
Privilégier le télétravail quand c’est possible
Les services RH les plus audacieux mettaient au point des plans ou des chartes du télétravail qui concernaient une infime partie des effectifs, pour une infime partie de leur temps en admettant qu’il serait difficile de contrôler l’effectivité du travail réalisé.
Aujourd’hui la pratique est prescrite à la limite du possible et les politiques de contrôle varient d’une entreprise à l’autre.
Adapter son style management à la situation
Les managers abandonnaient progressivement le management vertical, autoritaire, au profit d’un rôle d’animateur bien apprécié ou à défaut accepté par leurs collaborateurs.
Ils sont devenus des phares pour leurs troupes, le contact de proximité qu’on a laissé sur le front pendant que les états-majors essayaient de trouver des politiques adaptées. Ils se sont retrouvés seuls pour assurer, rassurer, donner du sens, un cap quand eux-mêmes étaient ballotés par les tâtonnements et changements de caps de leurs supérieurs qui étaient autant pris au dépourvu.
En ayant écouté et rencontré de nombreux cadres, dirigeants et managers. En ayant lu quelques articles et notamment ceux de Think with Google, issus de leur expérience, je me permets quelques conseils mis en analogie avec une situation que je connais un peu, les sorties en mer à bord d’un voilier.
Deux circonstances se télescopent. D’abord une mauvaise météo avec du brouillard, d’autre part une feuille de route dont on ne connait pas les étapes, juste une probable ligne d’arrivée.
Le désordre
La météo est imprévisible. Dans le brouillard, on dispose aujourd’hui d’instruments qui permettent de mesurer la proximité d’obstacles, la profondeur sous quille (la hauteur d’eau) qui autorisent une autre façon de voir, moins confortable. Ajoutez une mer agitée de force 7 (au-delà il est prudent de rester au port), on se trouve dans une situation de désordre. On n’a pas de prévisibilité de ce qui va se passer dans les minutes qui viennent, il faut tenir.
C’est ce qui est arrivé à tous les managers, à leurs équipes, à leurs directions le 17 mars après que le Président de la République eût déclaré le confinement.
La plupart des Directions que je connais ont demandé à leurs salariés ou agents de rester chez eux et de ne pas prendre de risques. On reviendrait vers eux dès que possible. Et les Directions de réfléchir à des scenarii pour la suite. Dans le même temps, les managers ont dû improviser. Voir comment concilier une organisation domestique avec le télétravail, reprendre en main des activités professionnelles essentielles, créer un contact avec ses collaborateurs, recueillir de l’information auprès de la direction. Une belle tempête.
Sur un bateau, lors d’un orage, l’équipage est à disposition du skipper. On le voit à la barre, pas dans la cabine. Il a réuni autour de lui tous les éléments lui permettant de se faire une idée. Il anticipe, donne des ordres clairs, simples. On ne lui reproche pas de se tromper, on a confiance en lui. On le sait expérimenté. Il vérifie en permanence que chacun est assuré, sanglé. Il distribue les tâches en fonction des compétences. Il ne dissimule pas sa peur, mais il est capable d’écouter, de sentir les choses.
Postures gagnantes
Ecouter son instinct, adopter communication claire et simple, être rapide, quitte à se tromper, passer rapidement à l’action, écouter ses collaborateurs, écouter leurs émotions. Il est plus facile d’avoir et partager un cap, même mouvant.
La complexité
Le choix de la route dépend d’une météo difficile à prévoir, des courants, du temps qui nous est imparti, des vents que nous allons rencontrer, de la forme du bateau, des capacités de l’équipage. Il est complexe. Mais on en connait l’issue.
Dans un deuxième temps, les directions ont renoué avec les feuilles de route, un peu de présentiel, la fixation d’objectifs, des réunions informelles, puis un petit peu plus formelles… un mouvement vers l’opérationnalité. Aujourd’hui plane la possibilité d’un nouveau confinement, avec des autorités politiques et scientifiques qui se contredisent. L’issue est encore incertaine mais les occurrences sont connues : recours au télétravail massif, puis déconfinement et nouvelle boucle ou issue. Sur un bateau, le skipper et le routeur se concertent. Ils parlent avec l’équipage, émettent des hypothèses. Le skipper tranche, mais il est capable de revenir en arrière. Surtout, il communique avec l’équipage sur le but à atteindre et ses choix. Chacun dispose de la « big picture », le plan d’action est clair et peut être amélioré. Et on s’apprête à évaluer chaque décision, chaque choix, pour ne pas commettre deux fois les mêmes erreurs ou plus positivement pour capitaliser sur les apprentissages réalisés.
Postures gagnantes
Communiquer sur sa vision, observer ses collaborateurs et la situation, écouter les membres de son équipe, être vigilant, agile, évaluer au fur et à mesure pour capitaliser les apprentissages.
En résumé
Ecouter, sentir le pouls, communiquer, dire les choses. Pas besoin de dissimuler ses propres appréhensions, pas besoin non plus de s’y étendre. Trouver son cap et être prêt à le faire évoluer en fonction des avis et des circonstances. Evaluer ce qu’on vient de faire.
Des managers autonomes … qui font le job
De tout cela, il résulte pour moi que les managers qui ont été formés par cette épreuve appartiennent à un monde de demain qu’ils ont contribué à créer. Agilité, mise en avant des talents des autres, mise à plat de l’information pour l’expliciter, mise en place d’un cadre et de ses propres règles d’accompagnement en fonction des besoins de chacun. J’ai été frappé de voir que les rythmes instaurés se ressemblent d’une entreprise à l’autre : une réunion virtuelle hebdomadaire de toute l’équipe, au moins un contact individuel avec chaque membre de l’équipe… les salariés, les agents ont exprimé le besoin d’être rassurés par leurs managers … qui ont fait le job.
Sources et ressources
Avant tout l’écoute des managers avec lesquels nous avons l’habitude de travailler. Une cinquantaine a souhaité des entretiens téléphoniques mensuels avec nos coachs.
D’autre part, l’article de David B Peterson dans le cadre de Think with Google Comment diriger votre équipe dans cette période de désordre et de complexité à retrouver sur https://www.thinkwithgoogle.com/intl/fr-fr/strategies-marketing/mobile-et-apps/comment-diriger-equipe-periode-desordre-complexite/